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L’Afrique centrale doit renforcer la coopération sous-régionale pour une utilisation efficace de la comptabilité du capital naturel afin d’assurer le financement de l’économie verte

2 février, 2024
Central Africa needs to enhance sub-regional cooperation to ensure satisfactory appropriation of natural capital accounting as a tool for mobilizing financing for the green economy

Yaoundé, le 2 février 2024 (CEA) – « Aucun pays de l’Afrique centrale, malgré les énormes dotations en ressources naturelles du Bassin du Congo, ne dispose d’un système de comptabilité économique et environnementale. Il faudra une approche intégrée et participative pour s’approprier cet outil et en faire un levier pour mobiliser le financement des projets », a souligné M. Nebiyeleul Gessese, lors du dialogue sous-régional sur le thème « Comptabilité du capital naturel, inventaire des gaz à effet de serre, solutions fondées sur la nature, mobilisation des financements durables : Concepts, outils, approches, modèles d’affaires gagnants à portée de main », en prélude à la 56ème session de la Conférence des ministres.

Pour enrichir le calcul du Produit intérieur brut (PIB) de la dimension environnementale, les pays de l’Afrique centrale doivent développer les systèmes de comptabilité économique et environnementale. Cette actualisation du PIB a pour enjeu l’élargissement de l’espace fiscal et l’amélioration du positionnement des pays africains dans les négociations climatiques. Pour y arriver, les participants au webinaire ont recommandé la coopération sous-régionale afin de favoriser le partage d’informations entre les pays, la maitrise du concept et des besoins techniques et technologiques qui lui sont associés. Il faudra investir dans l’adaptation et l’harmonisation des cadres juridiques afin de les lier aux défis climatiques, la conception des instruments de mesure qui vont faciliter la qualification des actifs statistiquement quantifiables et le renforcement des capacités à travers des formations ciblées des parties prenantes en fonction du rôle attendu de chacune d’elles. L’implication de toutes les parties prenantes (public, privé, société civile) reste impérative pour une appropriation collective de l’outil ainsi que celle de ses utilisations. Les participants ont, en outre, insisté sur la fiabilité des données. À cet effet, ils ont émis le vœu d’une collaboration avec des dynamiques de réputation mondiale.

Pour une mise en œuvre effective de toutes ces recommandations, il a été conseillé aux pays d’élaborer des documents stratégiques de plaidoyer, en l’occurrence le Plan national de développement de la comptabilité économique et environnementale (PNDCEE) comme celui du Cameroun.

En Afrique centrale, plusieurs écueils doivent être levés précisément dans le domaine de l’inventaire du capital naturel et de ses mesures.

Au Cameroun, les premiers pas de ce long processus ont été franchis avec l’appui de la CEA, à travers l’élaboration expérimentale d’un tableau de ressources et emplois physiques du bois (TREP). Pour une meilleure intégration de la statistique économique et environnementale dans le PIB, la CEA a accompagné le pays dans la définition du PNDCEE, en 2023. Le processus de domestication du Plan par les autorités nationales est en cours et permettra de garantir sa mise en œuvre effective. Toutefois, il reste des défis liés à la faible disponibilité et qualité des données sectorielles ainsi qu’un cadre règlementaire inadapté.

Au Gabon, la première tentative d’élaboration de comptes forestiers comme approche de valorisation des services écosystémiques a connu bien d’écueils. Les défis à surmonter comprennent les difficultés de comptabilisation des services écosystémiques et la collecte des données y relatives, les besoins de transparence et la crédibilité du système de mesures. Le Gabon fait également face à l’insuffisance de ressources humaines et financières pour conduire ses inventaires.

Prenant la parole au terme des débats, Adama Coulibaly, Chef des initiatives sous-régionales au Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, a invité les pays, les organisations et le secteur privé à se joindre à « la plateforme en cours de montage qui sera un rrecueil de savoir, de connaissances, d’outils, de contacts, de sources de financements et de fonds existants » pour la valorisation du capital naturel en Afrique centrale.

La COP28 tenue en décembre 2023, à Dubaï, a une fois de plus, démontré l’inadéquation entre les financements mobilisés pour la stabilisation du climat et les attentes des pays du sud, au rang desquels ceux d’Afrique centrale. Sur les besoins qui s’élèvent à 450 milliards dollars par an, le fFonds pour le climat n’est parvenu à mobiliser que 750 millions dollars. « L’Afrique doit prendre son destin en main pour tirer avantage des opportunités offertes par la valorisation de son capital naturel qui concentre des solutions pour un financement innovant de l’industrialisation, des niches d’emplois verts contre la vulnérabilité et le chômage et des leviers pour une meilleure  transition et économie vertes, gages de la durabilité du modèle de développement adopté », a clôturé en prospective Jean-Luc Mastaki, Directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA.

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