Addis-Abeba, le 10 septembre 2025 (CEA) - Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Claver Gatete, a appelé le continent à s’unir et à exploiter stratégiquement ses vastes réserves de minéraux verts essentiels, à éviter les schémas d’exploitation du passé et à alimenter sa propre transformation industrielle. L’Afrique possède plus de 30 % des minéraux mondiaux essentiels aux technologies énergétiques propres, comme le cobalt, le lithium et le cuivre, ce qui la place « au cœur même de la transition énergétique mondiale », a-t-il déclaré, mettant en garde que sans une stratégie diplomatique coordonnée, l’Afrique restera un simple fournisseur de matières premières pour la transition énergétique mondiale, manquant ainsi une occasion historique de s’industrialiser.
M. Gatete, s’exprimant lors d’un dialogue de haut niveau sur le thème « Vers une position africaine sur la diplomatie des minéraux verts essentiels », au cours du Sommet africain sur le climat à Addis-Abeba, a soutenu que le continent ne devait pas être réduit à un simple fournisseur de matières premières mais devait saisir l’occasion de « construire des industries, créer des emplois et promouvoir une croissance inclusive ».
« Sans une position africaine coordonnée, le risque est réel : les modèles extractifs persisteront, la dégradation de l’environnement s’aggravera et les inégalités dans la répartition de la valeur se creuseront. Mais avec l’unité, l’Afrique peut exploiter ses richesses minérales pour stimuler l’industrialisation, faire progresser les chaînes de valeur régionales et favoriser une transition énergétique juste qui ne laisse personne de côté ».
Organisé par la CEA, l’évènement, intitulé « Vers une position africaine sur la diplomatie des minéraux verts essentiels », a réuni les acteurs de la lutte contre le changement climatique présents au Sommet pour discuter d’une stratégie continentale cohérente.
M. Gatete a présenté un cadre à quatre piliers pour guider cette stratégie, soulignant que l’Afrique n’a « pas d’autre choix que d’être stratégique ».
Il s’est prononcé contre l’exportation de minéraux bruts et a appelé au renforcement des capacités continentales pour traiter, raffiner et fabriquer des composants tels que les batteries en Afrique. Il a cité l’initiative conjointe de la CEA et d’Afreximbank sur la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques, lancée en République démocratique du Congo et en Zambie, comme exemple concret de cette transition : « de l’extraction des ressources à l’innovation technologique et à la priorisation de la création de valeur locale ».
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), a souligné Gatete, est une plateforme essentielle pour développer des chaînes de valeur régionales intégrées, réduire la dépendance extérieure et réaliser des économies d'échelle.
Il a également insisté sur le fait que les futurs partenariats doivent être fondés sur « l’équité et le bénéfice mutuel », avec des flux de financement et de technologie respectueux de la souveraineté africaine et au service de ses priorités de développement, affirmant que « la transition énergétique ne peut être juste pour le monde et injuste pour l’Afrique ». Il a soutenu que la dépendance mondiale aux minéraux africains pour la décarbonation doit s’accompagner d’avantages réciproques pour le continent, notamment la croissance industrielle et la résilience climatique.
« Ce dialogue ne concerne pas uniquement les minéraux », a déclaré Gatete. « Il s’agit de façonner un discours où l’Afrique est autonomisée, et non exploitée ; où nous sommes co-architectes, et non spectateurs, de la transition verte mondiale ». Les intervenants et les panélistes comprenaient des représentants des gouvernements, des communautés économiques régionales, du secteur privé, de la société civile et de fondations.
Ils ont réitéré la nécessité de renforcer le contenu local, de perfectionner les compétences des acteurs africains et de créer des liens de développement au profit des communautés. Ils ont insisté sur la nécessité de consolider et de s’approprier les données sur le secteur et de tirer parti de recherches approfondies. Ils ont également insisté sur la nécessité pour les pays de s’appuyer avant tout sur leurs capacités internes et leur audace, car il s’agit de l’avenir souverain de l’Afrique. « Notre force réside dans notre pouvoir de négociation collectif, et nous devons préserver nos minéraux, nos données, nos terres et d’autres ressources telles que l’eau », ont souligné les panélistes.
La CEA s’est engagée à soutenir pleinement les États membres dans le développement de l’expertise technique et des cadres politiques nécessaires au renforcement de la position de négociation du continent sur la scène internationale.
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