M. Antonio M.A. Pedro, géologue spécialisé dans le domaine de l’exploration minière, a plus de 40 ans d’expérience des questions de développement et de gestion, dont il s’est occupé aux niveaux national, sous-régional et continental. Entré à la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en 2001, il a été, de 2016 à 2021, le Directeur du Bureau sous-régional en Afrique centrale (BSR-AC), basé à Yaoundé, au Cameroun, jusqu’à sa nomination au poste de Secrétaire exécutif adjoint (appui aux programmes) de la CEA en octobre 2021. Pendant 7 ans (2009-2016), il a occupé le poste de Directeur du Bureau sous-régional en Afrique de l’Est (BSR-AE), à Kigali, au Rwanda. Avant son arrivée à la CEA, il a été Directeur général du Southern and Eastern African Mineral Centre (SEAMIC), à Dar es Salaam, en Tanzanie, Directeur général de plusieurs entreprises au Mozambique et Directeur national adjoint du service géologique du pays. Depuis le 1er septembre 2022, il est le Secrétaire exécutif par intérim de la CEA.
En sa qualité de Directeur du Bureau sous-régional de la CEA en Afrique centrale, il a joué un rôle de premier plan dans la conception de l’initiative phare « Fabriqué en Afrique centrale » et la formulation du Consensus de Douala (adopté le 26 septembre 2017) sur la diversification économique (par le biais d’une industrialisation axée sur les ressources et induite par le commerce), qui est devenu le principal cadre orientant la formulation et la mise en œuvre des stratégies de diversification économique et de développement industriel en Afrique centrale, et permettant de rendre les économies locales moins vulnérables aux chocs externes découlant de leur dépendance excessive à l’égard des exportations de matières premières. Il a fait en sorte que le Bureau régional en Afrique centrale devienne le chef de file de la diversification économique dans la sous-région, et celui-ci est maintenant le leader des piliers pertinents concernant la transformation et la diversification économiques dans les activités de l'équipe de pays des Nations Unies au Cameroun, au Congo et au Gabon, ainsi que la formulation réussie du cadre CEEAC/CEMAC relatif à la diversification économique en Afrique centrale. Il a aussi dirigé une analyse innovante des points chauds, fondée sur le SIG, du potentiel socio-économique des corridors de transport d’Afrique centrale pour soutenir l’aménagement du territoire, la décentralisation, le développement industriel et la localisation des zones économiques spéciales, particulièrement approfondie au Cameroun et en République démocratique du Congo. De plus, il a lancé les outils d’aide à la décision en matière de gestion de l’offre et de la demande dans le domaine du commerce, pour identifier les possibilités d’exportation des pays d’Afrique centrale à l’appui de la mise en œuvre de la Zone de libreéchange continentale africaine (ZLECAf). Il a également dirigé avec succès l’organisation du Forum des affaires RDC-Afrique visant à approfondir la participation de la RDC et de l’Afrique à la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques. En outre, grâce à ses travaux sur l’intégration de la comptabilisation du capital naturel dans les comptes nationaux au Gabon, il a sensibilisé le public à l’importance du capital naturel (par le biais de mécanismes de crédit d’émission de carbone, d’obligations vertes et bleues, etc.) comme source de financement innovante et alternative.
Au Bureau sous-régional en Afrique de l’Est, il a apporté un leadership éclairé, contribuant à montrer la voie et à mettre au point des outils pratiques et des solutions intégrées sur les questions de développement durable et de transformation structurelle, de gouvernance des ressources naturelles, de tourisme, d’économie bleue, de développement des TIC et des infrastructures, et d’intégration régionale. C’est ainsi qu’il a ouvert de nouveaux chantiers sur l’économie bleue (y compris la publication intitulée African Blue Economy: Policy 2 Handbook) ; a guidé la formulation du plan d’activité de l’initiative régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) contre l’exploitation illégale des ressources naturelles ; a dirigé les travaux sur le tourisme qui ont conduit à l’adoption du plan directeur du tourisme de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), un cadre de référence qui guide l’activité touristique dans des pays comme le Rwanda, le Kenya, l’Ouganda et l’Éthiopie ; a soutenu la formulation de la première politique de la science, de la technologie et de l’innovation du Rwanda, ainsi que la création du Fonds rwandais pour l’innovation, pour ne citer que quelques exemples. Ses travaux dans le domaine de l’énergie ont porté sur la coordination des efforts entrepris en vue de la formulation du cadre stratégique régional pour la sécurité énergétique de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE). Il a œuvré tout autant pour le développement des cadres politiques nationaux de sécurité énergétique dans tous les États partenaires de la CAE. Il a participé à la formulation de la Vision 2050 de la CAE.
À Addis-Abeba, il a été le fer de lance de la formulation de la Vision africaine des mines, qui a été adoptée par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en février 2009. La Vision préconise « une exploitation transparente, équitable et optimale des ressources minérales à l’appui d’une croissance et d’un développement socioéconomique durables et généralisés ». Il a joué un rôle de premier plan dans la création du Centre africain de développement minier, le guichet unique destiné à ancrer la mise en œuvre du plan d’action de la Vision africaine des mines. Par ailleurs, il a joué un rôle de premier plan dans le choix et la rédaction des questions destinées à la Grande Table de février 2007 sur « L’impératif d’une gestion efficace des ressources naturelles aux fins de la croissance et de la réduction de la pauvreté en Afrique », organisée conjointement par la CEA et la Banque africaine de développement (BAD). Cette Grande Table a abouti à un nouveau pacte et programme d’action afin que l’exploitation des ressources minérales améliore le développement de l’Afrique. La rencontre a été un événement marquant qui a suscité une foule d’idées nouvelles et ouvert la voie du changement dans le secteur. Elle s’est notamment traduite par un appel en faveur de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, audelà de la transparence sur les recettes, englobant d’autres aspects de la gouvernance des ressources tels que l’octroi de licences, l’achat de matériel et de services, la propriété ou la gestion des recettes dans toute la chaine de valeurs des ressources minérales. Les règles de l’Initiative émises en 2016 décrivent bien certains des éléments énumérés ci-dessus, notamment en ce qui concerne l’information sur l’appropriation. Dans le cadre du suivi des recommandations de la Grande Table, il a créé et dirigé le Groupe d’étude international sur la révision des régimes miniers de l’Afrique, une initiative majeure de la CEA visant à faire en sorte que les ressources minières de l’Afrique contribuent pleinement au développement socioéconomique du continent de manière durable.
En tant que Chef du développement des infrastructures et de la mise en valeur des ressources naturelles à la CEA (2001-2009), il a dirigé les travaux de la Commission sur la mise valeur des mines, de l’eau, des transports et de l’énergie. À ce titre, il a été chargé de promouvoir l’harmonisation et l’alignement des politiques régionales ; d’élaborer des cadres conceptuels pour appuyer la mise en valeur intégrés des infrastructures et des ressources naturelles et pour renforcer les fondements commerciaux des projets régionaux et leur capacité d’accroissement des effets multiplicateurs et de promotion des relations entre de multiples chaînes de valeur ; de mener des analyses politiques, afin de sensibiliser le public et de dégager un consensus sur des questions émergentes ; de diffuser les meilleures pratiques, de renforcer les capacités et de fournir des services consultatifs dans les domaines de l’exploitation minière, de l’eau, des transports et du développement énergétique. Il a soutenu la mise en œuvre des initiatives du NEPAD en matière d’infrastructures, notamment le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA). Il a aussi dirigé les travaux de la CEA 3 sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral et du Programme des Nations Unies pour la sécurité routière, et a apporté son appui à la Commission de l’Union africaine, aux communautés économiques régionales et aux organisations intergouvernementales, aux pools énergétiques, aux organisations de bassins fluviaux et à d’autres parties prenantes. Il s’agit notamment d’études sur « La fourniture efficace de biens publics régionaux : le cas de la rationalisation et de la coordination des politiques et programmes de transport », « L’état du développement des transports en Afrique », et « Libérer l’accès à l’énergie en Afrique : promouvoir l’énergie rurale au service du développement durable ».
En tant que Directeur général du Southern and Eastern African Mineral Centre (SEAMIC), il a dirigé le processus de modernisation et de restructuration de l’institution, qui a notamment permis de mettre en place des systèmes de gestion de la qualité, des systèmes d’évaluation et de gratification liés aux résultats et des unités stratégiques chargées des entreprises et des pépinières ; de concevoir des services d’aide au développement des petites et moyennes entreprises, en particulier des artisans ; et d’établir des contrats d’exécution entre le SEAMIC et ses États membres en vue d’améliorer la prestation des services. En outre, il a contribué à la mise en place d’un mécanisme sous-régional d’échange de données géoscientifiques et à l’organisation d’une formation spécialisée de haut niveau destinée aux géoscientifiques de la sous-région. Le travail de sensibilisation à l’importance des minéraux industriels en Afrique était tout aussi important. Il a abouti à la création de l’Association africaine des minéraux industriels.
M. Antonio Pedro participe activement à la promotion de l’intégration régionale et de la coopération sur le continent depuis 1984. Cette année-là, il a joué un rôle important dans la définition du premier programme d’action minier de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Par la suite, il a contribué activement à la formulation du protocole minier de la SADC. Ce protocole a constitué la base de la collaboration et de la coopération entre les États membres de la SADC sur les questions de développement minéral.
Globalement et pendant des décennies, il a été à l’avant-garde de l’analyse et de la formulation de la politique minérale. Il a publié ou dirigé la publication d’importantes études et de documents d’orientation et de réflexion, dont : a) Compendium on Best Practices in Small-scale Mining in Africa; b) Training Materials on Management of Mineral Wealth; c) Improving Public Participation in the Sustainable Development of Mineral Resources in Africa; d) Minerals Cluster Policy Study in Africa: Pilot Studies of South Africa and Mozambique; e) Mainstreaming Mineral Wealth in Growth and Poverty Reduction Strategies; f) Harnessing the African Peer Review Mechanism (APRM) Potential to Advance Mineral Resources Governance in Africa, an argument on the importance of building domestic accountability and appetite for good governance; et g) Les ressources minérales et le développement de l’Afrique : Rapport du Groupe d’études international sur les régimes miniers de l’Afrique.
Il est membre du Conseil de direction du Réseau des solutions pour le développement durable (SDSN) des Nations Unies, coprésident du réseau thématique du SDSN sur la bonne gouvernance des ressources extractives et foncières (TG10), membre du corps enseignant et conférencier invité du « Programme de formation des cadres de l’industrie extractive et du développement durable » au Centre Columbia sur l’investissement durable (CCSI) de l’université Columbia, ancien conférencier sur la politique minérale et la négociation de contrats à l’Institut africain de développement économique et de planification (IDEP) et membre honoraire de la Graduate School of Natural Resources Law, Policy and Management 4 de l’université de Dundee, en Écosse. Il est également membre du conseil d’administration et des groupes consultatifs de plusieurs institutions et initiatives mondiales, notamment le conseil consultatif du CCSI, RE-SOURCING - A Global Stakeholder Platform for Responsible Sourcing, le comité consultatif de rédaction de la revue internationale, Mineral Economics, et le comité de rédaction de "Mineral Choices", une plateforme d’éducation en ligne. Il a été membre du Groupe international d’experts sur les ressources, du Global Tailings Review, du Conseil mondial de réflexion sur l’avenir des mines et des métaux du Forum économique mondial, du Strategic Management Advisory Group des communautés et petites exploitations minières abritées par la Banque mondiale, et des conseils consultatifs de la Diamond Development Initiative et du Centre international pour la formation et les échanges en géologiques.
Grâce à sa collaboration avec le WEF, le Conseil international des mines et métaux, le SDSN, le Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources, la Global Battery Alliance et d’autres plateformes, il défend les positions de l’Afrique au niveau mondial et contribue à façonner la pensée et le discours à ce niveau sur les questions de développement qui préoccupent l’Afrique et le monde, notamment celles liées au développement durable et à la création de valeur partagée, à la géopolitique de l’extraction des ressources et à la sécurité des ressources mondiales, à l’avenir de l’exploitation minière, aux minerais provenant d’une zone de conflit, à la responsabilité sociale des entreprises, à l’exploitation minière responsable, au contenu local, à l’industrialisation basée sur les ressources et à l’établissement de relations, aux marchés et aux prix des produits de base, aux négociations contractuelles, aux flux financiers illicites, à l’activité minière artisanale et à petite échelle et à l’architecture de la gouvernance internationale dans les terrains fragiles (par exemple, les ressources des fonds marins). Avec le CCSI, le Natural Resource Governance Institute, la Banque mondiale et le Réseau des solutions pour le développement durable, il a contribué à la production d’un cours en ligne ouvert et massif sur les ressources naturelles au service du développement durable : les principes fondamentaux de la gouvernance du pétrole, du gaz et des mines.
Ses intérêts actuels sur le plan de la recherche sont vastes et portent sur la diversification économique et la politique industrielle ainsi que sur la gouvernance des ressources minérales et l’interface entre l’exploitation des ressources minérales et les objectifs de développement durable. Dans un document intitulé "Towards a sustainable development licence to operate for the extractive sector", il a présenté au monde le concept « d’agrément de développement durable pour exercer ». Il est l’un des principaux auteurs du rapport du Groupe international d’experts sur la gestion durable des ressources intitulé "Mineral resource governance in the 21st Century: gearing extractive industries towards sustainable development", qui s’appuie sur le concept ci-dessus. Le rapport évalue le niveau d’efficacité et l’impact des initiatives existantes et des autres instruments régissant les industries extractives, explore les prérequis d’un cadre de gouvernance efficace, développe la proposition de cadre de « l’agrément de développement durable pour exercer » et en examine les implications pour l’élaboration des politiques aux niveaux local, national, régional et international.