Rabat, 21 novembre 2025 (CEA) – Le Bureau de la CEA en Afrique du Nord a organisé, le jeudi 20 novembre, un webinaire sous le thème : « Piège des pays à revenu intermédiaire : l’exemple de l’Afrique du Nord ».
La rencontre avait pour objectif de jeter la lumière sur les nouveaux défis rencontrés par les pays à revenus intermédiaires en vue de contribuer à définir un cadre analytique mis à jour et adapté à leurs besoins. Les discussions ont notamment porté sur les expériences de l’Algérie, de l’Egypte et du Maroc, trois des cinq plus grandes économies du continent africain.
« Le contexte mondial dans lequel les pays à revenu intermédiaire (PRI) opèrent aujourd’hui est très différent de celui dans lequel d’anciens PRI devenus des pays à revenu élevé ont évolué, » a expliqué Adam El Hiraika, Directeur du Bureau de la CEA en Afrique du Nord : « Aujourd’hui, le développement économique et la transformation se font dans un contexte caractérisé par un bouleversement technologique, une fragmentation géopolitique et économique, le vieillissement de la population mondiale, et surtout, le changement climatique, qui est porteur de contraintes environnementales croissantes et d’impacts économiques considérables. »
Le piège ou trappe a trappe, ou piège des pays à revenu intermédiaire, est aujourd’hui définie comme une situation où la croissance du PIB par habitant dans un pays donné ralentit durablement, l’empêchant d’atteindre le statut de pays à haut revenu. Elle traduit un épuisement des gains de productivité qui, par le passé, lui ont permis de sortir du statut de pays pauvre.
Jusque récemment, il était considéré que les pays peuvent sortir du statut de PRI en empruntant la voie de l'accumulation de capital, de la transformation structurelle, de l'insertion dans les chaînes de valeur mondiales, de la modernisation industrielle et de la montée en compétences du capital humain et de l'innovation.
Entre 1993 et 2023, de telles stratégies ont permis à 36 pays à revenu intermédiaire à travers le monde de parvenir au statut de pays à revenu élevé. Toutefois, le contexte qui a permis leur émergence était caractérisé par des circonstances exceptionnellement favorables, moins présentes aujourd’hui telles que l’énergie abondante et bon marché, un capital peu coûteux, alimenté par une épargne mondiale croissante, une certaine stabilité géopolitique, une croissance démographique rapide, et l’expansion du commerce international et des chaînes de valeur mondiales qui, à leur tour, stimulaient la diffusion technologique.
Dans le contexte actuel, les PRI doivent augmenter leur productivité alors qu’ils sont confrontés à des risques climatiques qui menacent leurs économies, leur croissance et leurs conditions de vie. Les secteurs de l’eau, de l‘énergie et de l’alimentation sont soumis à des pressions croissantes, les infrastructures sont vulnérables aux chocs climatiques, tandis que la mise en place d’infrastructures résilientes nécessite des investissements supplémentaires significatifs, qui font que les pays à revenu faible et intermédiaire sont moins bien équipés que les pays riches pour s’adapter au changement climatique.
Désormais, les nouvelles pistes de sortie de la trappe des pays à revenu intermédiaire comprennent l’investissement dans la croissance durable de la productivité grâce à la modernisation technologique, le renforcement du capital humain, et la transformation numérique ; l’adoption de stratégies sobres en carbone et résilientes face au changement climatique, ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles ; et le développement équitable et inclusif à travers la lutte contre les inégalités croissantes de revenus et l’exclusion sociale.
Pour sortir de la trappe du revenu intermédiaire, les pays se doivent aussi de considérer le développement des compétences de leurs main d’œuvre pour gérer les disruptions et renforcer leur résilience (compétences en IA, gestion des ressources, services climatiques, adaptabilité et résilience face aux chocs, etc.) ; l’amélioration des capacités d’innovation souveraines (renforcement des capacités locales d’innovation pour s’adapter à la fragmentation géopolitique et au ralentissement potentiel de la diffusion technologique) ; le renforcement de la capacité des institutions à faire face à des crises majeures à l’instar de la Covid-19 ; ou encore l’amélioration de leur autonomie stratégique et intégration régionale ou sous-régionale, à l’heure où la convergence mondiale est en déclin, a expliqué Zoubir Benhamouche, économiste au Bureau de la CEA en Afrique du Nord.
Le webinaire sur le « Piège des pays à revenu intermédiaire : l’exemple de l’Afrique du Nord » s’est tenu dans le cadre des recommandations de la Conférence ministérielle de Haut Niveau sur les pays à revenu intermédiaire organisée à Rabat du 5 au 6 février 2024 dans cadre d’un partenariat entre la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Royaume du Maroc en qualité de président du groupe des amis des pays à revenus intermédiaires, et du soutien du Bureau de la CEA en Afrique du Nord à ses pays membres pour le partage et l’échange d’expériences réussies pour faciliter leur sortie de la trappe du revenu intermédiaire.
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