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Transition énergétique : l’Afrique doit réduire son retard technologique, renforcer le dialogue autour de l’innovation

27 février, 2023
Transition énergétique : l’Afrique doit réduire son retard technologique, renforcer le dialogue autour de l’innovation

Niamey (Niger), 27 février 2023 (CEA) – « Notre défi actuel est de faire adopter la politique d’hydrogène vert par les chefs de l’Etat d’ici la fin de cette année », a lancé Francis Sempore, Directeur Exécutif du Le Centre pour les Énergies Renouvelables et l'Efficacité Énergétique de la CEDEAO (CEREEC) lundi 27 février à Niamey.

« Parler d’hydrogène vert en Afrique de l’Ouest peut sembler utopique aujourd’hui, mais quand les chefs de la CEDEAO ont adopté la politique régionale des énergies renouvelables en 2013 on se demandait aussi si ce serait possible. Aujourd’hui il est impensable qu’un pays n’aie pas le solaire dans son mix énergétique », a-t-il ajouté. 

Intervenant à l’occasion du Dialogue politique de haut niveau sur les technologies énergétiques émergentes, organisé dans le cadre du Cinquième Forum africain sur la science, la technologie et l'innovation, F. Sempore s’est joint à un panel d’experts africains et onusiens qui ont appelé à une révision profonde de la démarche du continent africain vis-à-vis des questions énergétiques, pour briser le cycle vicieux du retard technologique, répondre plus efficacement aux besoins en électricité, et accélérer le développement économique. 

Le cas du Niger, où la conférence s’est tenue, résume particulièrement la contradiction que vit aujourd’hui l’Afrique de l’Ouest et le continent en général.

Doté d’un immense potentiel énergétique (solaire, hydroélectrique, éolienne), le pays dispose de quelques 90 millions de tonnes de charbon, 953 millions de barils de pétrole, plus de 24 milliards de m3 de gaz naturel, et une des plus grosses réserves d’uranium du continent, selon Saïdou Madougou, Professeur à l’université Abdou Moumouni de Niamey.

En 2022 toutefois, le taux national d’accès à l’électricité n’était que de 16%, et seulement 6% en zone rurale. La biomasse (bois énergie) couvre aujourd’hui plus de 87% des besoins des ménages en énergie domestique alors que le Niger perd 200 000 hectares de terres par an face à la désertification.

Selon Lidia Brito, Directrice Régionale et Représentante de l’UNESCO en Afrique Australe, plusieurs niveaux d’intervention sont nécessaires pour renforcer la capacité du continent à produire de l’énergie. Parmi ces derniers, la nécessité de se doter de suffisamment de savoir-faire pour l’utilisation d’énergies renouvelables ; la mise en place de mécanismes adaptés pour attirer les investissements dans les énergies renouvelables ; le renforcement des capacités de recherche ; et la prise en compte du contexte social à l’heure où la pauvreté énergétique prive des communautés de la capacité d’initier des projets, a-t-elle souligné. 

Une autre dimension significative, serait le renforcement des ressources humaines qualifiées. « Beaucoup de nos pays investissent significativement dans l’éducation, les systèmes universitaires, mais quand il s’agit d’exploiter les ressources énergétiques nationales, les gouvernements continuent de recourir aux professionnels étrangers », a remarqué Nkem Khumbah, Président du Groupe Africa Development Futures qui a appelé à un dialogue tripartite entre gouvernements, universités et grandes entreprises pour des programmes universitaires le fer de lance des ambitions du continent. 

Il ne faut pas seulement voir l’énergie comme un facilitateur, mais aussi comme une opportunité, que ce soit en termes de productivité ou d’innovation, a déclaré Somila Xosa, Directeur chargé des Carburants de transport au ministère sud-africain des Ressources Minérales et de l’Energie qui a appelé les pays africains à non seulement encourager l’innovation mais aussi à créer une culture d’innovation qui permettrait aux inventeurs de s’épanouir.

Le spécialiste sénior en affaires environnementales de la CEA Linus Mofor, est allé au-delà, appelant à briser le retard technologique du continent en initiant une conversation entre pays sur les domaines prioritaires d’intervention et de renforcement de la recherche sur les plans scientifique et technologique 

Nous devons également considérer comment nous finançons l'innovation. Si nous devons mettre les gouvernements africains au défi d’investir eux-mêmes, nous devons également garder à l'esprit que peu d’entre eux ont une capacité d’accélération des investissements. En même temps, l’accès à l'énergie peut augmenter les revenus jusqu'à 39 %, a indiqué Jean Paul Adam, Directeur chargé de la Technologie, du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles à la CEA.

Organisé à Niamey du 26 au 27 février 2023, en amont du Forum Régional Africain pour le Développement Durable, le Cinquième Forum africain sur la science, la technologie et l'innovation a été conjointement organisé par la CEA, l’UNESCO, la Commission de l’Union Africaine et le Département des sciences et de l'innovation d'Afrique du Sud. Les travaux avaient notamment pour objectif d’étudier comment la science, la technologie et l'innovation peuvent soutenir les efforts africains pour une reprise inclusive et durable, face à des crises multiples et pour la mise en œuvre des ODD et de l’Agenda 2063. 

Publié par :
La Section des communications
Commission économique pour l’Afrique
BP 3001 
Addis-Abeba (Éthiopie) 
Tél. +251 11 551 5826 
Adresse électronique : eca-info@un.org

 

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