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« Un engagement politique est nécessaire pour mettre fin au carnage sur les routes éthiopiennes », selon l’étude de l’ONU

12 janvier, 2021
« Un engagement politique est nécessaire pour mettre fin au carnage sur les routes éthiopiennes », selon l’étude de l’ONU

(Addis-Abeba, Éthiopie, 12 janvier 2021) Selon les statistiques nationales, les décès sur la route en Éthiopie ont plus que doublé entre 2007 et 2018, passant de 2 161 à 4 597. L’Éthiopie perd 13 personnes par jour, ou une personne toutes les deux heures, dans des accidents de la route. Compte tenu de l’ampleur du défi de la sécurité routière, qui constitue un fardeau majeur pour les secteurs social, économique et sanitaire, une plus grande attention doit être accordée aux interventions appropriées, selon l’étude des Nations Unies sur les performances en matière de sécurité routière lancée aujourd’hui.

L’étude, appuyée par l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la sécurité routière et menée par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) à la demande du gouvernement, fournit une évaluation globale de l’état de la sécurité routière du pays et identifie des mesures concrètes pour sauver des vies.

« Avec autant de vies perdues sur les routes de l’Éthiopie, nous ne pouvons pas poursuivre ainsi. J’appelle le gouvernement à garantir l’engagement politique et financier nécessaire pour une mobilité sûre en pleine sortie de crise de COVID-19. Les recommandations de cet étude des performances en matière de sécurité routière peuvent guider ces efforts et contribuer à réduire de moitié les décès et les blessures sur la route alors que nous entrons dans une nouvelle Décennie d’action pour la sécurité routière (2021-2030) », déclare l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la sécurité routière, M. Jean Todt. « J’exhorte le gouvernement à adhérer et à appliquer les instruments juridiques prioritaires de l’ONU sur la sécurité routière et la Charte africaine de la sécurité routière, et à s’attaquer aux principaux facteurs de risque en renforçant son cadre juridique, qui doit être correctement appliqué », ajoute Todt.

Selon l’étude, à moins que des mesures décisives ne soient prises maintenant, les accidents de la route dans le pays connaîtront une augmentation considérable au cours de la prochaine décennie. Il est également probable que les chiffres réels des décès dans le pays soient plus élevés que ceux déclarés au niveau national, étant donné que la collecte des données se fait par rapports écrits, ce qui laisse à croire que les chiffres des décès de la route sont sous-déclarés et mal répertoriés. L’étude recommande la création d’une base de données intégrée sur les accidents pour appuyer les interventions politiques fondées sur des données probantes. Un projet financé par la Banque mondiale est en cours pour moderniser le système de gestion des données sur les accidents de la route au second semestre 2021.

Le financement de la sécurité routière a également été identifié comme un domaine d’action clé. « Je félicite l’Éthiopie d’être l’un des rares pays africains à consacrer une part de ses fonds routiers à la sécurité routière. C’est un pas dans la bonne direction, mais il y a encore de la marge car cela représente actuellement moins d’un pour cent du fonds dans le cas de l’Éthiopie. Le secteur privé peut également jouer un rôle important dans le financement de la sécurité routière dans le pays, notamment en investissant dans des centres d’inspection des véhicules et en modernisant les routes afin d’améliorer leurs notations sur la sécurité routière conformément aux objectifs volontaires recommandés par l’ONU. Alors que je félicite le Gouvernement éthiopien d’avoir augmenté la taille de son réseau routier de 26 550 kilomètres en 1997 à 126 773 en 2018, le doublement des décès dus à la circulation dans le pays entre 2007 et 2018 suggère que l’augmentation des dépenses dans le secteur routier éthiopien doit être accompagnée de mesures de sécurité routière appropriées », déclare la Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, Mme Vera Songwe.

Rendre les infrastructures plus sûres

L’étude souligne que du point de vue des infrastructures, le concept de sécurité routière n’est pas systématiquement intégré à toutes les étapes du développement et de l’administration des projets routiers. En raison de leur formation limitée, les concepteurs, constructeurs et gestionnaires d’actifs routiers ont peu de connaissances en matière de sécurité routière. À l’heure actuelle, la plupart des routes du pays sont des routes à double sens et à deux voies avec de nombreux tronçons de mauvaise qualité. Cela inclut un éclairage public insuffisant ou inexistant, qui est un problème majeur pour la sécurité des piétons. L’absence de signalisation routière et de marquage routier est également une préoccupation majeure. Selon les chiffres officiels, 79% des accidents mortels se sont produits sur des routes goudronnées et seulement 19% sur des routes en gravier et en terre, tandis que les routes goudronnées ne représentent que 14% pour cent du réseau routier.

Dans l’ensemble, les passagers sont les usagers de la route les plus vulnérables en Éthiopie, représentant 52% des décès sur la route en 2018. Cependant, dans les zones urbaines, les piétons représentent la majorité des décès. Assurer des infrastructures sûres pour les usagers vulnérables de la route est un domaine prioritaire dans lequel le gouvernement prend déjà des mesures. Par exemple, dans le cadre de la Stratégie de transport non motorisé d’Addis-Abeba (NMT), un réseau cyclable permanent est prévu sur le corridor Jemo-Lebu, pour lequel le Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière soutient l’étude technique de sa conception. En plus d’aider à atteindre la cible ambitieuse des Objectifs de développement durable de réduire de moitié le nombre de décès et de blessures sur la route (ODD 3.6), d’augmenter les investissements pour garantir l’accès à des transports sûrs, durables et abordables pour tous d’ici 2030 (ODD 11.2) pour stimuler les efforts du pays dans son initiative de « Rebâtir plus solide » après la crise du COVID-19.

L’étude constate que l’Éthiopie dispose d’une base réglementaire pour régir la sécurité routière et le secteur des transports en général, mais qui doit être considérablement renforcée. Une question clé à résoudre concerne la faible application des règles, réglementations et lois existantes, ainsi que les incohérences dans l’application entre les États régionaux et les villes administratives. Cela est dû en partie à la capacité limitée du Conseil national de la sécurité routière (NRSC). Pour assurer une meilleure coordination, l’étude recommande la création d’une Agence principale pour la sécurité routière autonome au niveau national qui rende compte à un organe exécutif de haut niveau et qui dispose de ressources financières et humaines suffisantes.

Mise en œuvre des normes et inspections des véhicules

Les bus et les véhicules utilitaires (camions) ont été impliqués dans près de 65% des accidents mortels dans le pays en 2018. Les voitures d’occasion constituent plus de 85% du parc automobiles en Éthiopie, dont beaucoup ne sont pas équipés de dispositifs de sécurité de base. Le pays n’applique pas de restrictions sur l’âge des véhicules pouvant être importés. L’étude suggère que le gouvernement devra améliorer la législation et la mise en œuvre des lois et règlements sur les normes des véhicules et l’inspection technique périodique, conformément aux accords des Nations Unies.

L’étude souligne que certains progrès ont été accomplis dans la prestation d’une formation sur la sécurité routière, avec des campagnes de sensibilisation lancées en 2017, mais qu’il faut faire davantage pour améliorer la couverture nationale des initiatives en cours.

Elle met en évidence les recommandations sous 10 domaines prioritaires stratégiques pour une action immédiate, en harmonie avec les 5 piliers du Plan mondial pour la Décennie d’action en matière de sécurité routière ainsi qu’avec le Plan-cadre mondial d’action pour la sécurité routière.

Le Ministre des transports, S.E. Dagmawit Moges, informe de l’engagement continu de son gouvernement à améliorer la sécurité routière en déclarant que « son gouvernement met déjà en œuvre plusieurs recommandations de l’évaluation des performances. Par exemple, le processus d’adhésion aux conventions des Nations Unies sur la sécurité routière et de ratification de la Charte africaine de la sécurité routière a été lancé ; une stratégie pour un meilleur financement de la sécurité routière est en cours d’élaboration ; et le cadre de la Commission nationale de la sécurité routière, qui verra le jour en 2021, a été élaboré. La Commission renforcera l’application des règles, réglementations et lois existantes et veillera à la cohérence de leur application dans l’ensemble du pays ». Le ministère des transports déclare que l’Éthiopie a récemment introduit des changements dans la taxation des véhicules importés. À cet égard, les véhicules plus récents conformes aux normes plus sûres exigées par l’ONU se verront appliquer des taxes plus basses que les véhicules plus anciens qui non conformes à ces normes. En outre, le ministère indique que l’Autorité fédérale des transports a également lancé l’installation de limiteurs de vitesse dans les véhicules de transport lourds et publics.

« Le ministère des transports est en train de revoir les lois et règlements existants en matière de sécurité routière, qui seront mis à jour en 2021. Des programmes de formation et d’éducation liés à la sécurité routière ont également commencé et devront améliorer les compétences techniques des parties prenantes concernées. Au niveau national, des programmes de sensibilisation à la sécurité routière sont menés régulièrement et les médias de masse sont utilisés pour les campagnes de sensibilisation », conclut S.E. Dagmawit Moges.

Le Représentant de l’OMS en Éthiopie, le Dr Boureima Hama Sambo, déclare que les décès et les traumatismes dus aux accidents de la route ont un lourd tribut pour les familles et les communautés et font peser un lourd fardeau sur les systèmes de santé. Le Dr Sambo ajoute que le système des Nations Unies en Éthiopie s’engage à soutenir le gouvernement dans la réalisation des Objectifs de développement durable en matière de sécurité routière.

Contacts médias :

  • Bureau de l’Envoyé spé du Secrétaire général de l’ONU sur la sécurité routière : Priti.Gautam@un.org
  • Bureau de la Secrétaire exécutive de la CEA : Lisinge@un.org
  • Bureau du Ministère des transports éthiopien : a_ahad@yahoo.com