Allocution d’ouverture
par
Zuzana Schwidrowski
Dialogue régional sur le financement extérieur et le développement résilient au changement climatique
Date : 26 mai 2025, 9 h 00
Lieu : Centre de conférences de la CEA, Addis-Abeba
Excellences, Mesdames et Messieurs les représentants de l’Union des Comores, Cap-Vert, des Seychelles, de l’Île Maurice, de São Tomé-et-Principe, de la Guinée équatoriale, de la Guinée-Bissau, de Madagascar, du Bénin, partenaires de la CNUCED et du système des Nations Unies, Chers collègues,
Bonjour !
J’ai le plaisir de vous souhaiter chaleureusement la bienvenue au Dialogue régional sur le financement extérieur et le développement résilient au changement climatique, organisé conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), dans le cadre de la quatorzième tranche du Compte des Nations Unies pour le développement.
Cette réunion marque une étape importante dans notre démarche collective visant à donner aux petits États insulaires en développement (PEID) africains les moyens d’accéder aux ressources financières externes dont ils ont un besoin urgent pour construire des économies résilientes au changement climatique, inclusives et durables.
. Comme vous le savez, les PEID sont confrontés à une myriade unique de vulnérabilités structurelles. Leurs économies sont généralement petites, ouvertes et fortement dépendantes des importations. Ils s’appuient sur un nombre restreint de secteurs – souvent le tourisme et l’agriculture – particulièrement sensibles aux chocs mondiaux, aux urgences sanitaires et aux perturbations environnementales. Leur éloignement géographique gonfle le coût des échanges commerciaux et limite les économies d’échelle. De plus, la marge de manœuvre budgétaire limitée, la faiblesse des marchés de capitaux et les capacités administratives limitées constituent des obstacles importants à la diversification économique et à l’investissement dans la résilience.
De nombreux PEID africains sont également accablés de manière disproportionnée par des niveaux d’endettement insoutenables. Le Cap-Vert, par exemple, a vu son ratio dette publique/PIB grimper à 109 % en 2025, reflétant à la fois les besoins d’investissement passés et les effets persistants de la pandémie de COVID-19. Les Comores sont récemment passées du stade de « risque modéré » à celui de « risque élevé » de surendettement, limitant ainsi leur marge de manœuvre dans le cadre des accords de prêt provenant du FMI. Cela souligne la nécessité d’entreprendre une prudence budgétaire alliée à des approches créatives de financement du développement.
Dans ce contexte, les Comores et le Cap-Vert ont été sélectionnés comme pays pilotes dans le cadre du projet DA 14, non seulement en raison du fait qu’ils sont confrontés à ces défis, mais aussi de la volonté politique qu’ils ont démontrée de réformer et d’innover. Ils tracent une voie dont beaucoup d’autres en Afrique peuvent s’inspirer.
À travers ce projet intitulé, « Mobiliser des ressources financières extérieures au-delà de la COVID-19 pour un développement plus vert, plus égalitaire et durable dans certains PEID vulnérables », la CEA, la CNUCED et leurs partenaires visent à renforcer les capacités des pays à concevoir et à mettre en œuvre des stratégies financières cohérentes et adaptées au climat.
Au cours des deux prochains jours, nous allons :
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Présenter et valider les stratégies et les feuilles de route financières nationales des Comores et du Cap-Vert, qui intègrent des outils tels que les obligations vertes, les obligations bleues, les obligations de la diaspora et les conversions dettes contre des mesures climatiques ;
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Identifier les réformes institutionnelles et réglementaires nécessaires pour aligner les systèmes nationaux sur les opportunités de financement extérieur ;
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Examiner les moyens d’améliorer la coordination entre les ministères des finances et de l’environnement, et de renforcer la gestion des finances publiques pour le climat ;
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Faciliter les échanges entre pairs avec d’autres PEID africains, notamment Maurice, les Seychelles et São Tomé-et-Principe, qui peuvent partager des enseignements en matière d’innovation politique, d’atténuation des risques et d’engagement du secteur privé.
Notre objectif n’est pas seulement de diagnostiquer le déficit de financement, mais de le réduire, par exemple :
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Aux Comores, les besoins de financement climatique identifiés s’élèvent à plus de 1,4 milliard de dollars des États-Unis, mais seule une fraction a été mobilisée. Un pipeline de neuf projets d’adaptation est prêt et nécessite un soutien.
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Au Cap-Vert, malgré des améliorations dans la gestion de la dette, le pays est confronté à un déficit de financement annuel de 103 millions de dollars des États-Unis pour les ODD. Des plateformes innovantes comme Blu-X sont en cours de développement pour positionner le pays comme une plateforme pour les obligations durables et les investissements liés au climat.
Ce dialogue est également l’occasion de réfléchir à la manière dont l’Architecture financière internationale peut mieux répondre aux besoins des pays vulnérables. Les PEID africains, malgré leur statut de pays à revenu intermédiaire, n’ont souvent pas accès aux financements concessionnels. Nombreux sont ceux qui sont pénalisés en raison de leurs revenus plutôt que soutenus en raison de leur fragilité. Cela nécessite une plus grande flexibilité dans les critères d’éligibilité, un meilleur accès aux fonds mondiaux pour le climat et des mécanismes régionaux qui reflètent les réalités vécues par les PEID.
À l’avenir, les prochaines étapes comprendront :
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Finaliser les feuilles de route nationales sur la base de vos commentaires lors de ce dialogue ;
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Aider les pays à mettre en œuvre ces stratégies par le renforcement des capacités, l’appui technique et la facilitation des investissements ;
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Organiser un atelier régional virtuel de suivi plus tard cette année afin de maintenir la dynamique et de diffuser les enseignements tirés sur l’ensemble du continent.
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Étendre cet exercice à d’autres pays africains
Excellences, distingués représentants des pays et collègues,
Permettez-moi de conclure en soulignant que la CEA reste fermement engagée à soutenir les PEID africains. Ces nations sont peut-être petites géographiquement, mais elles sont grandes par leur ambition, leur résilience et leur potentiel. En renforçant la coopération régionale, en tirant parti de l’innovation et en alignant les flux financiers sur les priorités nationales, nous pouvons nous rapprocher d’un avenir où la résilience climatique et le développement durable ne seront pas des idéaux, mais des réalités réalisables.
Je vous remercie et vous souhaite à tous un dialogue constructif et inspirant.