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Allocution de Mme Hanan Morsy à la cérémonie de clôture du neuvième Forum régional africain pour le développement durable

2 mars, 2023
Remarks by Ms. Hanan Morsy at the closing ceremony of the Ninth African Regional Forum on Sustainable Development

Cérémonie de clôture du neuvième Forum régional africain pour le développement durable

 

Remarques Allocution de la Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef de la Commission économique pour l’Afrique,

 

Hanan Morsy

Jeudi 2 mars 2023

Niamey, Niger

 

 

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il ne pouvait pas être plus opportun ni plus approprié d’avoir tenu le 9ème Forum régional africain pour le développement durable ici, à Niamey.

À mi-parcours de notre quête dans la mise en œuvre des ODD, nous devons proposer un nouveau paradigme. Nous devons accélérer l’action. Et nous devons assurer une reprise verte et inclusive des effets persistants des multiples crises qui ont affligé le monde.

Les pays africains ont supporté le poids de la crise alimentaire et énergétique associée à la guerre en Ukraine, tandis que nos économies se sont révélées mal équipées pour rebondir rapidement après l’impact persistant de la pandémie.

Au Sahel, nous sommes tous conscients à quel point le changement climatique est un frein au développement. L’analyse de la CEA a montré que 2 degrés de réchauffement se traduisent par plus de 15 % de perte de PIB et nous sommes actuellement sur une trajectoire de plus de 2,7 degrés de réchauffement. Et ces régions vulnérables ont le moins de capacités à réagir. Une évaluation de la CEA entreprise en 2022 a montré que l’Afrique aura besoin d’environ 438 milliards de dollars de financement pour l’adaptation d’ici 2030.

Nous sommes également très conscients de la manière dont les menaces sécuritaires persistantes dans cette région et sur tout notre continent sapent les efforts visant à réaliser des progrès durables.

Pour résoudre ces problèmes, nous avons examiné 5 ODD en profondeur, tout en reconnaissant que tous les ODD sont interconnectés et indivisibles.

Premièrement, lors de ce forum, nous nous sommes engagés dans une nouvelle ère de partenariat. En abordant l’ODD 17, nous avons besoin d’un sens renouvelé de la solidarité et d’une compréhension que nous aurons une reprise mondiale plus rapide, si nous sommes prêts à investir dans les régions où les gains les plus potentiels peuvent être réalisés.

L’esprit d’un élan pour les ODD, annoncé par le Secrétaire général de l’ONU, repose sur le principe d’investir dans un bien commun. Nous avons besoin d’investissements publics à grande échelle qui dépassent les frontières.

Un message clair qui s’est dégagé de ce forum est que nous devons briser l’aversion au risque associée à l’investissement en Afrique. Nous devons être en mesure d’attirer le secteur privé pour atteindre nos objectifs, et nous devons avoir accès à davantage d’outils de financement mixtes pour y parvenir. Ces outils existent déjà, mais ils doivent être déployés à grande échelle dans les régions qui en ont le plus besoin.

Nous devons également venir en aide aux pays africains à renforcer la mobilisation de leurs ressources nationales. La CEA poursuivra ses travaux pour explorer la possibilité pour les pays africains de pouvoir monétiser leur capital naturel, reconnaissant que 30 % des besoins mondiaux de séquestration pourraient être satisfaits par la seule élimination du carbone d’origine naturelle en Afrique. C’est pourquoi nous avons accompagné les pays du Bassin du Congo dans la mise en place d’un Registre des crédits carbone lancé lors de la COP27, et continuerons à soutenir le développement des capacités dans ce domaine.

En ce qui concerne l’ODD 6 en Afrique, la réalisation de la fourniture universelle de l’alimentation en eau de base nécessite une multiplication par quatre des investissements, tandis que la prise en charge complète de l’éventail des besoins en matière d’alimentation en eau propre signifie que nous devons multiplier par 12 nos taux d’investissement actuels.

Les efforts doivent commencer par l’adoption par les gouvernements de stratégies globales d’accès à l'eau et de sécurité, associées à des programmes d’assainissement ambitieux. Nous devons également renforcer la coopération dans le domaine de l’eau, et nous saluons l’appel à revitaliser l’ONU-Eau en Afrique.

Nous devons également reconnaître la nécessité de mieux gérer nos ressources naturelles et d’utiliser des solutions fondées sur la nature pour renforcer la résilience à long terme.

En ce qui concerne l’ODD 7, notre forum a souligné l’urgence de fournir un accès à près de 600 millions d’Africains qui n’ont toujours pas accès à des formes fiables d’électricité et de répondre au besoin d’une cuisine propre pour près de 900 millions.

Les pays africains ont besoin d’aide pour cartographier leurs stratégies de transformation énergétique qui leur permettent d’exploiter les avantages de ressources renouvelables plus abordables et de répondre à l’ensemble de leurs besoins en termes d’infrastructures énergétiques, y compris la transmission, la distribution et le stockage. Ces stratégies doivent aborder le mix énergétique approprié qui permette la transformation la plus rapide de nos économies, évite le risque d’actifs bloqués et construise une chaîne de valeur énergétique sur le continent, notamment en développant la chaîne de valeur des batteries avec la majorité des ressources pour ces batteries présentes sur le continent africain.

L’accès à un financement abordable et fiable a une fois de plus été signalé comme l’un des principaux obstacles, avec moins de 2 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables au cours de la dernière décennie réalisés en Afrique.

La plateforme africaine de l’énergie est un élément essentiel pour nous permettre de réaliser une industrialisation durable et inclusive conformément à l’ODD9. On estime que le coût annuel pour répondre aux besoins d’infrastructure de base en Afrique se situe entre 137 et 177 milliards de dollars et le déficit de financement entre 59 et 96 milliards de dollars.

Les chefs d’État africains ont souligné lors du Sommet de l’UA sur l’industrialisation et la diversification économique qui s’est tenu ici au Niger en 2022, que l’Afrique doit stimuler les investissements dans les chaînes de valeur durables pour être véritablement en mesure de transformer nos économies.

La ZLECAf est le levier le plus efficace pour nous permettre de tenir cette promesse. Nous devons accélérer sa mise en œuvre conformément au thème de l’UA pour 2023. Et nous devons aligner sa mise en œuvre sur des principes verts et inclusifs.

Comme nous nous sommes réunis ici à Niamey, nous avons également examiné en détail les défis d’un continent de plus en plus urbanisé, et comment nous pouvons vraiment soutenir le développement de villes inclusives et durables conformément à l’ODD 11 pour répondre aux besoins des populations croissantes, en prenant en considération l’augmentation attendue de la migration des zones rurales vers les zones urbaines en raison des conflits, du changement climatique et d’autres facteurs démographiques.

Fournir des logements sûrs et abordables est une priorité pour les villes africaines en pleine croissance, et dans notre Forum, nous avons également souligné la possibilité d’investir dans des systèmes de transport transformateurs qui peuvent améliorer la productivité et également améliorer le cadre de vie.

Peut-être plus important encore, le développement futur des villes doit se faire de manière inclusive pour garantir la participation et l’engagement de tous.

Notre Forum a également présenté le Forum sur la science, la technologie et l’innovation, où nous avons souligné la nécessité pour les pays africains d’exploiter véritablement l’effet accélérateur des technologies transformatrices. Investir au moins 1 % du PIB dans la recherche et le développement reste une priorité pour les gouvernements, tandis que des réseaux tels que l’Alliance des universités entrepreneuriales lancée à Kigali en 2022 peuvent aider à réorienter les réseaux éducatifs existants pour qu’ils soient plus alignés sur les besoins et les attentes du milieu des affaires au lendemain de la pandémie.

La CEA est fière de travailler avec l’UNESCO, l’UIT et ONU Femmes pour organiser un camp de codage pour filles avec plus de 100 participantes en personne et plus de 4 500 participantes virtuelles, toutes du Niger. Nous avons également lancé un hackathon sur les solutions climatiques, cherchant à utiliser des technologies émergentes telles que l’IA pour lutter contre le changement climatique, et nous avons également eu plus de 100 jeunes étudiants engagés dans un atelier pratique sur l’innovation pour acquérir des compétences de base en robotique, en impression 3D et autres technologies associées.

Le Forum a également présenté Africa Climate Talks, en collaboration avec l’Université Abdou Moumouni et le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD) qui a été créé par la CEA et est basé ici à Niamey.

Ces pourparlers jouent un rôle clé en amenant les universitaires, la société civile et les responsables politiques à aborder des questions clés avant la COP28, y compris l’opérationnalisation de la Facilité pour les pertes et dommages, en garantissant un bilan mondial crédible sur la mise en œuvre des engagements de Paris et un nouvel objectif mondial quantifié.

Le succès de notre sommet sur les ODD en septembre reposera également sur des solutions climatiques crédibles appartenant à l’Afrique et, dans ce contexte, nous travaillons également à préparer et à soutenir le Sommet africain sur l’action pour le climat à Nairobi la première semaine de septembre.

Comme d’habitude, le forum nous a également permis de progresser dans la réalisation des Examens nationaux volontaires pour les 7 pays qui présentent cette année, tout en partageant des expériences positives des Examens locaux volontaires.

Je profite également de l’occasion pour exprimer notre gratitude pour la contribution des grands groupes à notre forum. Le rôle de la société civile ne pourrait être plus critique pour assurer une mise en œuvre accélérée des ODD. Nous nous réjouissons également de continuer à travailler en étroite collaboration avec nos jeunes partenaires, notamment le Sommet de la jeunesse africaine sur les ODD et l’Union panafricaine de la jeunesse.

J’ai également noté le caractère central des messages sur le droit au développement et sur la garantie qu’une approche fondée sur les droits fait partie intégrante de la mise en œuvre réussie des ODD. Nous saluons les opportunités visant à améliorer l’inclusion de la participation dans nos forums en veillant également à ce que les besoins des personnes handicapées soient pleinement reconnus et intégrés dans nos stratégies.

Pour conclure, je voudrais exprimer une fois de plus notre immense reconnaissance au Gouvernement et au peuple nigériens. À S.E. le Président Mohamed Bazoum, nous saluons son leadership et son engagement à nous mettre sur la voie d’une industrialisation durable. Nous remercions chaleureusement notre Présidente, S.E Mme Garama Saratou Rabiou Inoussa, pour son leadership exemplaire et sa coordination pour la réalisation de ce Forum. Nous félicitons également les membres nouvellement élus du bureau du Maroc, de la Namibie, de l’Éthiopie et du Tchad et exprimons notre gratitude aux membres sortants du Rwanda, du Cabo Verde et du Congo.

Je vous remercie de votre attention et nous nous réjouissons de mettre en œuvre la déclaration de Niamey pour accélérer la mise en œuvre des ODD !