Rabat, 25 avril 2025 –Intervenantdans un contexte mondial marqué par des changements rapides, une hausse de la dette, et destensions commerciales internationales qui font planner une ombre sur la reprise économique post COVID-19 en Afrique, le Bureau pour l’Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le Policy Center for the New South ont procédé le vendredi 25 avril 2025 à l’Université Mohammed VI Polytechnique de Rabat au lancement national du Rapport Economique sur l’Afrique 2025 (ERA 2025) de la CEA.
L’édition 2025 du rapport ERA a pour thème « Faire progresser la mise en œuvre de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) : Proposition d’actions stratégiques transformatrices ».
Considérée comme l’un des accords économiques les plus exhaustifs en existence, i la ZLECAf change aujourd’hui significativement la donne pour la croissance et la prospérité à long terme de l’Afrique, avec des protocoles et mécanismes qui couvrent des dimensions aussi variées que le commerce des biens et services, le règlement des disputes, la concurrence, l’investissement, la propriété intellectuelle, le commerce digital ou la participation des femmes et des jeunes.
Selon les experts de la CEA, une mise en œuvre minutieuse de la ZLECAf sur les vingt prochaines années pourrait permettre au continent d’augmenter son PIB de 141 milliards de dollars et le commerce intra-africain de 276 milliards de dollars (+45%) en 2045.
A plus court terme, la ZLECAf peut accélérer la réorientation des industries africaines menacées par la hausse de droits de douane à l’international telles que le secteur automobile ou les engrais vers des marchés alternatifs africains.
Le rapport ERA 2025 dresse un état des lieux de la mise en œuvre de l’accord de libre-échange africain, son impact potentiel pour la transformation structurelle et le développement inclusif et durable en Afrique. Il examine également les lacunes observées au niveau de sa mise en œuvre et dresse une liste d’actions prioritaires à mener pour sa concrétisation réussie dans un contexte de commerce international en pleine mutation.
Pour concrétiser ces ambitions, les pays africains ont cependant encore plusieurs étapes à franchir pour renforcer leur position sur la scène commerciale internationale dont la mise en place d’une politique commerciale africaine commune vis-à-vis des autres régions du monde, mettre fin aux incohérences au niveau des mécanismes de mise en œuvre de la ZLECAf ou encore mettre en œuvre du Protocole sur la libre circulation des personnes, indispensable à l’émergence de chaines de valeurs régionales africaines.
Note aux rédacteurs :
Pour plus d’information et toute demande d’entretien, merci d’adresser un email à filali-ansary@un.org (CEA) et H.Tadili@policycenter.ma (PCNS).
Liens utiles :
Rapport économique sur l’Afrique 2025 :
https://repository.uneca.org/bitstream/handle/10855/50386/b533454.pdf?sequence=3&isAllowed=y
Enregistrement live de la présentation du rapport ERA2025 :
https://www.youtube.com/live/MwtA6N7orEc
RECOMMANDATIONS PHARE DU RAPPORT ERA 2025
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Les gouvernements doivent donner la priorité à la mise en oeuvre intégrale de la ZLECAf, notamment la réduction des droits de douane, l’élimination des obstacles non tarifaires et l’harmonisation des politiques commerciales.
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Développer des chaînes de valeur régionales solides dans des secteurs clés, comme l’agroalimentaire, l’automobile, les produits pharmaceutiques et les énergies renouvelables. Il faut pour cela élaborer des politiques industrielles ciblées, investir dans la capacité productive et apporter un appui aux petites et moyennes entreprises (PME).
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Intégrer les politiques climatiques dans la mise en oeuvre de la ZLECAf, notamment la tarification du carbone et les investissements dans les énergies renouvelables. La transition de l’Afrique vers les énergies renouvelables dans le contexte de la ZLECAf, en marge d’autres politiques climatiques, spécifiques pourrait demander des investissements cumulés de 22.4 milliards de dollars d’ici à 2040, l’accent étant mis sur les énergies solaire et éolienne.
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Rationaliser les procédures douanières et d’adopter des technologies numériques, comme les blockchains et le traitement électronique des données, afin de réduire les coûts commerciaux et d’améliorer l’efficacité.
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Adopter des politiques soucieuses de l’égalité hommes-femmes dans le cadre de la ZLECAf, notamment en ce qui concerne la promotion de l’accès des femmes au financement, à l’éducation et aux compétences numériques.
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Harmoniser les politiques et les réglementations commerciales dans les communautés économiques régionales (CER) afin de réduire la fragmentation et de renforcer la cohérence dans la mise en œuvre de la ZLECAf. La promotion de la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux à travers les frontières sera appuyée par des initiatives comme le Marché unique africain du transport aérien et le Système de paiement et de règlement panafricain.
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Investir dans le développement urbain durable, notamment dans le logement abordable, l’eau propre et l’assainissement, afin de gérer les problèmes liés à l’urbanisation rapide. La promotion de la création d’emplois dans les zones urbaines, en particulier dans le secteur des services et le secteur informel, permettra de tirer parti du dividende démographique et de réduire le chômage des jeunes.