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Innovation, technologie et industrialisation en Afrique

18 novembre, 2023
Innovation, technology and industrialisation in Africa

Addis-Abeba, le 18 novembre 2023 (CEA) – Les pays africains peuvent collectivement stimuler l’industrialisation en adoptant la diversité technologique et en favorisant la collaboration régionale, ont déclaré des chercheurs présents, à la Conférence économique africaine 2023, à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Au cours d’une séance de recherche sur l’innovation, la technologie et l’industrialisation en Afrique, lors de la troisième journée et animée par M. Bartholomew Armah, Chef de la Section de la planification du développement, de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), les chercheurs ont souligné la diversité dans les capacités technologiques des pays africains comme un atout plutôt que comme un défi.

Cette diversité est marquée par le fait que certains pays font preuve de prouesses technologiques robustes, tandis que d’autres rattrapent leur retard et que de nouveaux concurrents entrent en scène. Ce paysage ouvre la voie au transfert de connaissances entre les pays et crée ainsi un environnement propice aux efforts de collaboration.

Telles sont quelques-unes des principales conclusions de l’article intitulé, « Capacité technologique et industrialisation en Afrique », rédigé par Gideon Ndubuisi. Elle a échantillonné 50 pays africains entre 2000 et 2018, révélant de fortes hétérogénéités dans les niveaux de capacités technologiques entre les pays africains.

Alors que certains pays ont des capacités technologiques inexistantes ou faibles, d’autres présentent un potentiel ou disposent déjà de capacités technologiques adéquates pour l’industrialisation.

La recherche montre également que la capacité technologique moyenne des États africains a presque doublé, passant de 25 % à 41 %, ce qui est lié à la pénétration croissante d’Internet et à la diffusion rapide des technologies numériques à travers les pays.

« Nos résultats montrent des preuves solides de l’interdépendance du développement technologique et industriel entre les pays d’Afrique. Contrairement à la géographie ou à la distance, nous constatons que le canal par lequel cette interdépendance se propage est le commerce régional intra-africain ».

« Nos résultats ont des implications importantes sur la nécessité de promouvoir les Chaînes de valeur régionales en Afrique et sur le rôle actif que la ZLECAf doit jouer à cet égard », a déclaré Ndubuisi. Il a fait valoir que leurs preuves montrent qu’il existe une fenêtre d’opportunités pour les pays africains de collaborer pour faire progresser l’industrialisation en augmentant le commerce intra-régional.

Discutant de l’article, M. Jacob Assa, Conseiller stratégique principal au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que la recherche est pertinente pour comprendre la voie de l’Afrique vers l’industrialisation. Il a noté que les conclusions dudit article montrent que l’Afrique possède déjà les germes de l’industrialisation et qu’elle n’a donc pas besoin de réinventer la roue.

« L’article fournit des preuves au niveau national sur la relation entre les capacités et l’industrialisation », a déclaré Assa. Il a cependant recommandé aux auteurs d’envisager d’étendre la couverture des pays au-delà de l’Afrique et de développer un indice qui capture les données mondiales.

« Cela est utile pour l’analyse comparative, car vous pouvez alors voir que certains pays africains sont au même niveau que les pays d’Amérique latine ou d’Asie de l’Est, et effectuer une analyse interrégionale. »

Dans un autre article intitulé, « Expliquer l’utilisation des capacités parmi les entreprises au Kenya », les chercheurs Kefa Simiyu et Beatrice Mbinya se sont penchés sur la dynamique complexe qui façonne l’utilisation des capacités parmi les entreprises kenyanes.

Tirant parti des données des enquêtes auprès des entreprises de la Banque mondiale menées en 2013 et 2018, l’étude a introduit une nouvelle dimension à l’analyse : Les interactions sociales représentées par la proximité des entreprises au sein d’un secteur.

« Les entreprises dirigées par des hommes ont généralement des cadres supérieurs qui ont passé en moyenne 19 ans dans le secteur, tandis que les cadres supérieurs des entreprises dirigées par des femmes ont en moyenne 14 ans d’expérience, mais nous réalisons néanmoins que l’utilisation des capacités reste très faible », a déclaré Simiyu.

L’étude révèle que l’utilisation des capacités est entravée par des défis financiers, des problèmes conjoints de corruption et de transport, ainsi que par l’impact de la concurrence informelle associée aux problèmes de transport. Elle montre également que l’utilisation des capacités diminue à mesure que les entreprises d’un secteur se séparent, ce qui indique l’impact des interactions sociales sur l’efficacité opérationnelle. Les résultats montrent également que les femmes à des postes de direction les plus expérimentées apparaissent comme une force positive, augmentant considérablement l’utilisation des capacités au sein des entreprises, ce qui souligne l’importance de la diversité de genre au sein de la direction de haut niveau.

Il est intéressant de noter que l’étude suggère que la corruption, dans le contexte d’une concurrence informelle, peut accroître l’utilisation des capacités. Cependant, la corruption n’atténue pas les problèmes de transport, ce qui souligne la nature nuancée de l’impact de la corruption.

L’article préconise un renforcement institutionnel solide pour lutter contre la corruption et souligne la nécessité de procéder à des réformes économiques, judiciaires et de gouvernance.

Discutant des conclusions de l’article, M. Ali Zafar, Économiste principal au PNUD, a déclaré que celui-ci aborde certaines des énigmes empiriques de la littérature sur l’utilisation des capacités.

« Lorsque vous comparez l’Afrique à l’Asie, vous remarquez d’énormes différences dans l’utilisation des capacités. En Chine, le taux d’utilisation des capacités est de 80 à 90 %, tandis qu’en Afrique, les chiffres sont de 60 % ou moins », a déclaré Zafar. Il a ajouté que l’article présente une réflexion « originale » et examine plusieurs paramètres auparavant ignorés, notamment les finances liées à l’utilisation des capacités, la corruption, la dimension genre et l’effet de réseau.

Publié par :
Section de la communication
Commission économique pour l’Afrique
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Addis-Abeba
Éthiopie
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