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Libérer l’avenir énergétique de l’Afrique : le rôle de l’énergie nucléaire et des financements innovants

2 juillet, 2025
Unlocking Africa's Energy Future: The Role of Nuclear Power and Innovative Financing

Kigali, Rwanda – le 2 juillet 2025 (CEA) – Pour de nombreux pays africains, l’accès à l’énergie demeure un obstacle majeur au développement. Cependant, un débat crucial prend de l’ampleur : la quête d’une énergie durable et fiable grâce à l’énergie nucléaire. L’accent est mis plus particulièrement sur les petits réacteurs modulaires (PRM) et les microréacteurs modulaires (MRM), de plus en plus considérés comme une solution viable et transformatrice pour répondre aux besoins énergétiques du continent.

Cependant, concrétiser ce potentiel nécessite des investissements importants et des approches financières innovantes. Ce besoin crucial était au cœur de la session « Mobilisation des investissements » du récent Sommet sur l’innovation dans l’énergie nucléaire pour l’Afrique, à Kigali, animée par le Directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Est, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Andrew Mold.

Le Ministre d’État chargé des investissements publics et de la mobilisation des ressources au Ministère des finances et de la planification économique du Rwanda, Tesi Rusagara, a donné le ton en soulignant l’évolution du paysage du financement du développement. Elle a souligné la dépendance historique de l’Afrique aux financements extérieurs concessionnels, qui diminue actuellement. Cela nécessite un pivot stratégique visant à mobiliser les ressources financières nationales et régionales.

La ministre a plaidé pour une « introspection ». Elle a cité le secteur financier rwandais en pleine croissance, qui représente 67 % de son PIB. Ce secteur, traditionnellement axé sur les titres d’État, doit désormais innover pour financer des projets d’infrastructures privées à long terme. En collaborant étroitement avec les institutions financières nationales et en réduisant les risques liés aux projets grâce au financement public et au financement du développement, l’Afrique peut exploiter un vaste réservoir de capitaux actuellement non investis dans des projets essentiels.

Le continent est confronté à un déficit annuel de financement des infrastructures estimé à 100 milliards de dollars des États-Unis (sur un besoin total de 170 milliards de dollars des États-Unis, selon la Banque africaine de développement). Ce défi est amplifié par un climat mondial de pessimisme quant au financement du développement, avec des baisses significatives prévues de l’aide publique au développement.

Malgré ces obstacles, une évolution est en cours. Des pays comme le Kenya et le Rwanda développent activement leurs premiers PRM. La question urgente demeure : comment l’Afrique peut-elle mobiliser les capitaux à long terme et abordables nécessaires à ces projets à forte intensité de capital et de longue durée ?

Le Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a réaffirmé l’engagement de l’agence à soutenir les pays africains dans le développement de programmes d’énergie nucléaire pacifique, soulignant que le continent doit être pleinement intégré à la transition mondiale vers des sources d’énergie à faibles émissions.

M. Grossi qui s’exprimait lors du sommet, a déclaré que « rien n’empêche l’Afrique de revendiquer sa place » dans le paysage énergétique mondial en pleine évolution. Il a souligné qu’une énergie propre et fiable n’est plus un luxe, mais une nécessité impérieuse pour le continent.

L’Associé du directeur de Stallion Capital Africa, M. Stéphane Ouedraogo, a abordé la question du financement de projets d’une durée de vie de 60 à 80 ans dans le contexte africain. Il a souligné la volonté croissante de la Banque mondiale de financer des composantes de l’énergie nucléaire. Cette implication, a-t-il souligné, apporte non seulement de l’argent frais, mais surtout de la confiance, compte tenu des diligences rigoureuses de cette institution en matière de faisabilité et de sécurité, ainsi que de ses taux concessionnels à long terme.

Le panel comprenait également le Conseiller spécial du président de la Banque ouest-africaine de développement, M. Ibrahim Diouf, l’Associé opérationnel pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez C5 Capital, M. Chris Opperman et le Cofondateur et Président d’Exxon et PDG d’Epox, M. Mansour Avaya, qui ont dressé un tableau clair : si d’importants défis financiers persistent, une voie viable pour l’énergie nucléaire en Afrique existe. Cela nécessite une approche multidimensionnelle, englobant la mobilisation des financements internationaux du développement pour réduire les risques, la réorientation des secteurs financiers nationaux vers les infrastructures à long terme, la structuration de financements mixtes et de PPP innovants, et l’alignement stratégique des projets nucléaires sur les objectifs climatiques mondiaux.

Combler le déficit de compétences

Au-delà du capital, la session a abordé le rôle vital du capital humain. Le continent doit développer les compétences nécessaires pour soutenir un secteur de l’énergie nucléaire. Le protocole de la ZLECAf sur la libre circulation des personnes, qui permet aux jeunes Africains d’étudier et de travailler dans les États membres, a été présenté comme un mécanisme précieux pour combler ces déficits de compétences et favoriser l’expertise régionale.

Ce sommet de deux jours a réuni des décideurs politiques, des chefs d’entreprise et des experts en énergie pour explorer le rôle de l’énergie nucléaire dans l’accélération de la transition énergétique de l’Afrique et le soutien au développement durable.

Publié par :
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