Addis-Abeba, 28 mars 2024 (CEA) – Selon un rapport sur les développements économiques et sociaux récents en Afrique publié par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), les pays africains devraient dominer le top 10 des économies à plus forte croissance au monde en 2024.
Les moteurs de croissance les plus notables en Afrique en 2024 seront le Niger, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la RDC et le Rwanda.
Le Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance, à la CEA, Adam Elhiraika, a déclaré que l’Afrique est la région à la croissance la plus rapide parmi les Pays en développement après l’Asie de l’Est et du Sud en 2023, et que celle-ci poursuivrait cette tendance en 2024 et 2025.
Le rapport indique que le Niger et le Sénégal devraient connaître une croissance économique significative en raison de l’augmentation de la production et des exportations d’hydrocarbures.
La croissance au Niger sera alimentée par la relance de la production agricole – bien que vulnérable aux conditions climatiques défavorables – et par une augmentation de la production de pétrole brut, qui aura des conséquences bénéfiques sur le secteur des transports. Cependant, les récents coups d’État militaires, conjugués aux sanctions imposées par les blocs régionaux, ont perturbé l’activité économique et entraîné des coûts sociaux importants.
La croissance au Sénégal sera tirée par des projets privés et d’infrastructures en hausse. Cependant, les résidents de 15 pays africains participent aux élections cette année, y compris les élections présidentielles récemment conclues au Sénégal, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la croissance et le développement à court terme.
« La forte expansion de la Côte d’Ivoire, de la RDC et du Rwanda est attribuée à une augmentation des investissements dans les infrastructures, au développement continu du tourisme, à la bonne performance de l’industrie minière et aux avantages de la diversification économique », a déclaré M. Elhiraika.
La croissance en RDC sera alimentée par le secteur extractif grâce à l’ouverture de nouveaux gisements pétroliers, ainsi que par l’agriculture, les services et les mines, conformément à la stratégie nationale visant à stimuler les dépenses sociales et d’investissement.
La croissance du Rwanda, quant à elle, sera alimentée par la consommation et l’investissement privés, tandis que celle de la Côte d’Ivoire sera tirée par l’augmentation des investissements résultant de réformes de marché favorables à la concurrence et de l’amélioration de l’environnement des affaires dans le cadre du Plan national de développement, ainsi que par la consommation privée influencée par la baisse de l’inflation.
Le rapport montre que le continent devrait connaître une croissance de 2,8 % en 2023 à 3,5 % en 2024 et atteindre 4,1 % en 2025, principalement soutenue par les exportations nettes, la consommation privée et l’investissement fixe brut.
La croissance économique de l’Afrique reste instable et inférieure à son potentiel et au taux requis pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) et les cibles de l’Agenda 2063, ce qui nécessite d’importants changements de politique budgétaire et monétaire ainsi que des efforts accrus pour remédier aux équilibres internes et externes, à l’inflation et aux problèmes de la dette.
Le rapport indique qu’en 2023, l’économie mondiale a fait preuve de résilience face à la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires, à l’augmentation de la consommation en Chine et à l’amélioration de la croissance économique aux États-Unis. Les perspectives restent néanmoins incertaines, avec une dette élevée, des coûts d’emprunt en hausse, un commerce mondial faible et des risques géopolitiques croissants, qui freinent les progrès vers les ODD et les cibles de l’Agenda 2063.
« La région est confrontée à des menaces de conditions monétaires et budgétaires plus strictes et à des risques notables en matière de viabilité de la dette », a noté M. Elhiraika, ajoutant que les catastrophes climatiques en cours et les phénomènes météorologiques extrêmes continueront d’avoir des conséquences négatives sur l’agriculture et le tourisme, tandis que l’instabilité géopolitique continuera d’affecter certaines sous-régions en Afrique.
Le commerce en Afrique continue de faire face à des difficultés qui se traduisent par des sorties nettes de capitaux et des recettes d’exportation modérées, le commerce intra-africain restant relativement faible. Les exportations totales de l’Afrique sont largement concentrées sur les produits extractifs, ce qui a maintenu l’Afrique au plus bas de l’échelle des chaînes de valeur critiques.
Les tendances du développement social en Afrique sont préoccupantes, avec la montée de la pauvreté, des inégalités et du chômage qui exacerbe les défis du continent pour atteindre les ODD.
Le rapport de la CEA note que la capacité des pays africains à lutter efficacement contre la pauvreté et les inégalités est gravement limitée par le faible effet de réduction de la pauvreté de la croissance économique.
Les principales recommandations du rapport comprennent :
Pour revitaliser le commerce en Afrique, il est nécessaire de réduire les coûts du commerce en Afrique. La mise en œuvre de la ZLECAf est essentielle pour stimuler le commerce, éliminer les obstacles et promouvoir d’autres stratégies de libération du commerce.
Pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), il est nécessaire de mobiliser davantage de ressources nationales et d’introduire des mécanismes de financement innovants par le biais du renforcement des capacités, du renforcement institutionnel et de la promotion de réformes (fiscales) ; d’utiliser le numérique ; d’introduire une fiscalité environnementale ; de mettre en œuvre des mécanismes de financement innovants, tels que les échanges de dettes.
Compte tenu du nombre croissant de pays en situation de surendettement ou risquant de l’être, des mesures durables d’allègement de la dette et de restructuration sont nécessaires.
Les pays devraient mettre en œuvre des réformes structurelles visant à relancer la croissance, à renforcer la résilience et à améliorer l’efficacité des politiques budgétaires et monétaires pour contenir l’inflation.
Les pays africains devraient également tirer parti des évolutions actuelles dans le monde, notamment la transition vers les énergies renouvelables et la revitalisation de l’importance des minéraux essentiels.
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