Vous êtes ici

Un lien entre le privé et le public est nécessaire pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l’Afrique, conclut ABF2021

8 février, 2021
Private-public nexus needed to meet Africa’s growing energy needs, concludes ABF2021

Addis-Abeba, le 8 février 2021 (CEA) – L’Afrique doit au moins doubler son approvisionnement énergétique de 250 gigawatts (GW) à 500GW d’ici 2030 afin de se sortir de la pandémie de COVID-19 et diversifier ses économies pour le développement durable, déclarent les dirigeants, les organismes de développement de l’innovation et du commerce du continent, les dirigeants d’institutions consultatives politiques, ainsi que les champions du développement du secteur privé, ce lundi.

Telles sont leurs paroles prononcées lors d’un débat de haut niveau sur « Le financement innovant dans l’énergie pour la diversification économique » dans le cadre du 4ème Forum des entreprises africaines organisé par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), en marge du 34ème Sommet de l’Union africaine (UA).

« L’Afrique doit investir entre 230 et 310 milliards de dollars américains et 190 à 215 milliards de dollars américains supplémentaires de 2026 à 2030 pour respecter sa Nouvelle Donne sur l’énergie afin d’alimenter sa diversification économique, y compris l’innovation tirée par les TIC », déclare Antonio Pedro, Directeur du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, en référence aux statistiques de la Banque africaine de développement (BAD), en préparation au débat auquel il doit participer. À l’heure actuelle, le continent ne mobilise qu’environ 4 milliards de dollars américains à cette fin.

« Pour rompre ce cycle, nous avons besoin d’innover et d’élaborer des politiques intelligentes pour attirer les investissements », dit-il, soulignant qu’il s’agit « d’une chose conduisant à une autre », selon des séquences bien calibrées.

En référence aux énergies renouvelables, il suggère que l’Afrique doit tirer le meilleur parti de sa position dominante en tant que producteur mondial de minéraux pour les batteries tels que le coltan, le manganèse, le graphite et le cuivre pour gravir les échelons et localiser la fabrication de batteries et la chaîne de valeur des véhicules électriques associée sur le continent, grâce à des groupes régionaux bien intégrés. Il fait remarquer que la République démocratique du Congo (RDC) produit actuellement 70% du cobalt utilisé dans le monde pour la fabrication de batteries mais ne perçoit que 3% de la valeur créée dans le secteur car le pays n’est qu’un fournisseur de matières premières.

D’ici 2025, la valeur mondiale de la chaîne de valeur combinée des batteries et des véhicules électriques atteindra 8 800 milliards de dollars américains. Cela doit être une incitation suffisante pour que les gouvernements et les chefs d’industrie en Afrique agissent et changent le paradigme.

Benedict Oramah, Président d’Afreximbank, fait de nouveau écho à l’idée du regroupement en tant que moyen de réduire le coût du financement de la diversification économique de l’Afrique, y compris de l’approvisionnement énergétique, en tant que catalyseur.

Il déclare que grâce à la stratégie « Créer, connecter et fournir » d’Afreximbank, des parcs industriels et des zones économiques spéciales sont en cours de création pour rassembler des entreprises appartenant à des chaînes de valeur spécifiques afin de réduire le coût des infrastructures qui auraient autrement été encourues si elles étaient dispersées.

Il fait remarquer que son institution s’emploie à connecter les producteurs et les acheteurs à travers le continent via le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), en utilisant les devises africaines.

« Nos devises doivent devenir le moyen d’échange pour insuffler plus de liquidités sur les marchés financiers africains » et réduire le coût des investissements et du commerce, dit-il.

« Nous avons besoin d’économies d’échelle qui peuvent être réalisées par l’intégration régionale de l’électricité pour réduire le montant des investissements nécessaires afin de répondre à la demande d’électricité en Afrique », déclare le PDG d’Africa50 - Alain Ebobissé, qui plaide pour davantage d’investissements dans le hors réseau et des solutions énergétiques de mini-réseaux qui peuvent atteindre plus d’utilisateurs à moindre coût.

Dans un plaidoyer similaire à celui d’Oramah en faveur de l’utilisation des devises africaines pour le commerce intra-africain, Ebobissé fait valoir que le financement en monnaie locale est très important pour le développement de l’énergie et d’autres infrastructures sur le continent.

Il affirme qu’un autre mécanisme de financement innovant dont les États africains peuvent tirer parti est le recyclage des actifs. Il s’agit de la monétisation d’actifs ou de concessions publics existants en les vendant ou en les louant à des investisseurs du secteur privé et en réinvestissant le produit dans de nouvelles infrastructures ou entreprises publiques.

Il note qu’il doit y avoir une transition énergétique juste pour atteindre le passage à 100% vers les énergies renouvelables d’ici 2050 avec le gaz naturel constituant l’énergie de transition de choix.

Rolake Akinkugbe-Filani, Directeur commercial de Mixta Africa et Membre du Conseil consultatif de la chambre africaine de l’énergie plaide également pour des politiques de contenu local qui favorisent le placement d’entreprises locales dans l’énergie et d’autres chaînes de valeur, mais met en garde.

« Nous ne voulons pas d’une situation où nous développons ces chaînes de valeur locales et où les producteurs sont contraints de répercuter les coûts élevés de la fabrication locale sur les consommateurs ».

De telles politiques doivent donc être « avant-gardistes », selon elle.

Elle déclare que la localisation la fabrication de composants de batteries dans les pays africains qui abritent des minéraux de batterie serait une initiative intelligente pour générer un commerce et des financements.

Il serait crucial de « permettre aux entreprises locales d’obtenir plus facilement des notations de crédit afin que les marchés locaux tels que les marchés obligataires puissent être mobilisés pour accéder au financement », suggère-t-elle.

« L’un des meilleurs moyens d’y parvenir est d’explorer l’agrégation à la fois des clients et des PME dans la chaîne de valeur, car plus ces projets sont évolutifs, plus ils seront attrayants du point de vue du portefeuille pour les investisseurs ».

Ayant une perspective totalement différente au débat, Bubacar Diallo, Fondateur et PDG de Benoo Energies, qui fournit des solutions énergétiques décentralisées utilisant des équipements efficaces aux zones rurales et périurbaines au Burkina Faso, au Ghana et au Togo, déclare que tout en explorant des mécanismes de financement innovants pour le développement de l’énergie en Afrique vers la diversification économique, il faut se poser la question suivante : l’énergie pour qui et pour quoi ?

Selon son expérience, « les gens ne se soucient pas des sources d’énergie, mais de la façon dont ils peuvent bénéficier de toute source d’énergie et appareil abordable ».

Il déclare que dans les zones rurales d’Afrique de l’Ouest, les femmes et les jeunes impliqués dans l’agriculture ou l’agro-industrie sont des éléments démographiques très importants pour lesquels les solutions énergétiques hors réseau doivent être ciblées afin de les aider à accéder à l’eau, irriguer leurs fermes, conserver les marchandises dans les chaînes du froid et en fin de compte, augmenter leur capacité de production et, en retour, payer pour la consommation d’énergie.

Il insiste donc sur la nécessité d’élaborer des solutions énergétiques qui ciblent les entreprises agricoles des femmes et des jeunes ruraux car, si elles sont bien soutenues, le secteur agricole est parmi ceux qui génèrent le plus de liquidités en milieu rural.

En clôturant le premier segment du débat, le modérateur, Amadou Ba, appelle à la création d’une Alliance africaine pour les batteries en tant que coalition de ceux qui souhaitent défendre le déploiement des énergies renouvelables et l’approfondissement de la chaîne de valeur des batteries et des véhicules électriques en Afrique.

Le dialogue de haut niveau de lundi s’est terminé par la présentation de « Team-Energy Africa » - une coalition informelle d’investisseurs et d’institutions africaines partageant les mêmes idées et axée sur l’investissement et la promotion de la transformation énergétique de l’Afrique.

Selon Linus Mofor, Chargé principal des affaires environnementales, à la CEA, Team-Energy Africa vise à servir de catalyseur pour les investissements transformateurs du secteur privé dans les énergies propres et ce dans le cadre de l’Initiative ODD7 dirigée par la Commission.

« Team-Energy Africa va être l’une de ces initiatives de renaissance qui aideront à façonner le paysage africain », dans les années à venir, déclare NJ. Ayuk, Président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie et PDG de Centurion Law Group.

La Secrétaire générale adjointe de l’ONU et Secrétaire exécutive de la CEA - Vera Songwe, a clos la session sur une note d’espoir, déclarant avec satisfaction que le mouvement en faveur du financement innovant nécessaire pour répondre aux besoins énergétiques de l’Afrique en vue de la diversification économique prend déjà de l’ampleur.

Les délibérations ont prouvé que « L’Afrique pour l’énergie de l’Afrique est possible et faisable », conclut-elle.

 

-FIN-

 

Publié par :

Section de la communication

Commission économique pour l’Afrique

B.P. 3001

Addis-Abeba

Éthiopie

Tél : +251 11 551 5826

Email : eca-info@un.org